Ce 4 décembre 2013, B. Bayenet, professeur à l'ULB et vice-président du CRAIG, a été auditionné lors de la réunion conjointe de la Commission des affaires générales, de la simplification administrative, des fonds européens et des relations internationales du Parlement wallon et de la Commission des Relations internationales et des Questions européennes, des Affaires générales et du Règlement, de l'Informatique, contrôle des communications des membres du Gouvernement et des dépenses électorales du Parlement de la Communauté française.
Homosexualité et religion en Afrique subsaharienne
D'après le CIDAL, 29.11.2013 :
Homosexualité et religion en Afrique subsaharienne
« Nous sommes ici pour ouvrir le dialogue et pour remettre en question les conceptions traditionnelles de nos sociétés. » C’est par ces mots qu’une militante résume ce qui la pousse à travailler en Afrique du Sud et ce qui l’amène en Allemagne. En compagnie de onze autres militants de la cause des LGBTI (lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres et intersexués), elle séjourne une semaine à Berlin pour évoquer les tensions entre homosexualité et religion en Afrique.
Ces militants venus d’Afrique subsaharienne défendent les droits des lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres et intersexués dans leur pays. Cette catégorie de personnes est regroupée sous un acronyme connu internationalement : LGBTI. Sur l’invitation de la fondation « Hirschfeld-Eddy-Stiftung » et du ministère fédéral des Affaires étrangères, les douze participants africains sont venus à Berlin pour débattre avec des représentants des religions et de la politique des droits de l’homme et du développement.
Collision des droits de l’homme
Bien que les droits de l’homme comprennent le droit à la libre orientation sexuelle, l’homosexualité est réprimée par la loi dans de nombreux pays. Selon Helmut Metzner, membre du conseil d’administration de la fondation « Hirschfeld-Eddy-Stiftung », le droit à la libre orientation sexuelle est souvent en conflit avec la liberté de croyance : dans des sociétés traditionnelles empreintes de croyances religieuses, cette tension conduit fréquemment à des actes de discrimination et de violence. Helmut Metzner estime que ces deux libertés font cependant partie du catalogue indivisible des droits de l’homme et qu’elles ne sauraient être négociables, ni ensemble ni séparément. « Les croyants doivent vénérer Dieu, mais pas se prendre pour lui. Comme l’a si bien dit le pape François : qui sont‑ils pour juger de l’orientation sexuelle ? »
Dépénalisation et évolution sociale
Les militants viennent notamment du Ghana, du Cameroun, du Malawi, du Nigeria ou encore d’Afrique du Sud, des pays dans lesquels les droits des LGBTI sont traités très différemment. Les représentants camerounais, ghanéens et nigériens racontent leur travail auprès de personnes purgeant de longues peines de prison en raison de leur identité sexuelle. Le travail de la société civile consiste alors à obtenir la dépénalisation et à lever les tabous. En Afrique du Sud en revanche, les droits des LGBTI sont ancrés dans la Constitution. Mais si ces droits existent sur le papier, ils sont loin de correspondre à la réalité, d’après la militante sud‑africaine : « Il est dangereux de se concentrer sur la dépénalisation si, parallèlement, les mentalités n’évoluent pas : les lois risquent alors de devancer la société et cela provoque forcément des retours en arrière. Nous devons à la fois défendre la dépénalisation et gagner les cœurs et les esprits ! »
Faire place au dialogue
Aux yeux de ces militants, le séminaire organisé en Allemagne a surtout pour mérite de permettre un dialogue ouvert avec les Églises. Dans leur pays d’origine, ce contact direct s’avère souvent impossible alors que la religion joue un rôle déterminant dans de nombreuses sociétés africaines. La communauté internationale pourrait créer un espace pour ce dialogue et rassembler les individus, explique un représentant rwandais. Les responsables politiques et les défenseurs des droits de l’homme allemands ont en outre la possibilité de rechercher un dialogue direct avec les dirigeants politiques africains lorsqu’ils sont en déplacement en Allemagne, ajoute‑t‑il : « Notre personnel politique est hors d’atteinte, nous ne parvenons pas à leur parler. Mais avec vous, ils discutent ! » Par ce biais, la communauté internationale pourrait contribuer à la protection des lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres et intersexués en Afrique. Il n’en reste pas moins que la question des rapports entre homosexualité et religion exige toujours une grande sensibilité. En Allemagne comme en Afrique subsaharienne.
Pour de plus amples informations sur l’engagement du gouvernement fédéral en faveur du droit à la libre orientation sexuelle (en allemand)
Situation au 28 novembre 2013
© Ministère fédéral des Affaires étrangères (AA)